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Je ne sais pas s'il est possible d'affirmer comme le prétend l'article de Wikipedia qu'Erskine Caldwell fut « l'écrivain le plus censuré des États-Unis » mais il est certain que ses compatriotes de Géorgie pouvaient s'estimer maltraités par certains passages du roman. Comme ses premiers succès des Années Trente, celui-ci montre une ironie très décapante envers les petites gens du Sud, les “petits Blancs” des comtés ruraux, avec ici la bourgade de Sycamore.

Le personnage central, Morris Stroup, — le p'tit gars de Géorgie—, son épouse Martha, et leur fils William illustrent pleinement cette population défavorisée : pas de boulot fixe pour Morris, pas d'école pour William, et une femme, Martha, qui trime pour faire les lessives des autres, et pourtant un jeune domestique noir, Handsome Brown.

Voilà les quatre personnages que l'on retrouve dans les quatorze courts récits qui composent ce célèbre roman. Le narrateur, William, doit avoir dans les huit-dix ans, il est très curieux de nature, toujours à espionner ses parents, comme pour anticiper les catastrophes qui vont survenir. Il admire son père tout en constatant ses faiblesses. En fait, Morris Stroup est une sorte de bon à rien, grand amateur de sieste après le petit-déjeuner comme après le repas de midi, sur l'une des galeries de la maison. Il évite de travailler, préfère aller à la pêche, voir des filles, ou trouver des expédients pour se faire quelques dollars. Plusieurs de ces histoires hilarantes montrent justement comment il procède et comment au bout du compte ça tourne en jus de boudin. Toujours qualifié de « nègre » par la traduction française de 1949, en un temps qui ignorait le « politiquement correct », Handsome Brown est un orphelin recueilli à l'âge de onze ans. Il n'a pas inventé l'eau tiède, mais il est dévoué ; il est présenté comme tellement naïf dans certaines aventures qu'on se sent à la limite du racisme. Martha, qui incarne le sens du travail et de la droiture, compte sur lui et sur son fils pour surveiller ou aller récupérer le mari imprévisible, coureur de jupons et un peu chapardeur aussi.

Le bonheur de lecture est tel qu'on se surprend à regretter qu'il n'y ait pas cent ou deux cents pages d'autres aventures !

Erskine Caldwell. Un p'tit gars de Géorgie. Traduit par L.M. Raymond. Gallimard, 1949. 252 pages.

 

PS. La couverture du Folio illustre un épisode particulièrement jubilatoire, quand les chèvres ont grimpé sur le toit, ce qui a rendu Martha Stroup très nerveuse car elle attendait de la visite...

 



 

Tag(s) : #LITTERATURE ETATS-UNIS
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