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« Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons » clamait Victor Hugo.  Jadis l’école républicaine constituait l’antidote au crétinisme et à la violence. Depuis dix ans elle aurait pu être l’antidote aux perturbateurs endocriniens si elle avait nourri l’esprit des jeunes générations. Car on ne naît pas crétin, on le devient quand la vaccination par le savoir n’est plus qu’un privilège de l’élite.

 

Dans ce pamphlet excessif et jubilatoire selon la loi du genre, A. d’Humières, professeur de lettres classiques dans un lycée de banlieue parisienne, bat sa coulpe en se projetant dans vingt ans car « Nous savions et nous n’avons rien dit ». Que savaient les acteurs de l’école républicaine ? Qu’elle manquait à sa mission.

 

L’auteur décline tous les chefs d’accusation désormais connus contre cette école injuste et inégalitaire : au banc des accusés syndicats, inspecteurs, chefs d’établissement « promus pour leur servilité », professeurs, de moins en moins compétents, bons petits soldats « dociles et serviles » à appliquer les diktats du ministère et qui « parlent la langue de l’institution ». En face, les victimes : des élèves « laissés pour compte », bacheliers mais ignorants, donc fragiles et manipulables, parce que l’école ne les a pas nourris, ne leur a enseigné ni connaissances, ni repères, ni lexique ni syntaxe mais seulement « un savoir volatile, éclaté, absurde » puisque « la transmission et la rigueur deviennent des termes réactionnaires » !... Désormais le lycée se contente de « divertir » : en salle des professeurs on ne parle que de projets, d’expérimentation, d’échanges de pratiques... Un mois avant l’examen, des Terminales S suivent le tournage d’une émission culinaire !...

 

Alors A. d’Humières s’échappe de cette « école de la frustration, de l’amertume et du ressentiment ». Dans son atelier du soir, avec d’autres enseignants animés de la même volonté de transmettre, il enrichit l’esprit de ses élèves « issus de l’immigration » et les amène à penser par eux-mêmes.

 

Moralité ? Si un « petit fonctionnaire » ligoté par le « système » croit encore en sa mission, il doit désormais emprunter des chemins de traverse sans jamais oublier le conseil de Spinoza : « Ni rire, ni pleurer, ni maudire, comprendre »

Un petit livre décapant qui donne la mesure du désastre...

 

 

Augustin d’Humières. Un petit fonctionnaire. Grasset, 2017, 141 pages.

 

Chroniqué par Kate

 

 

 

Tag(s) : #EDUCATION, #ESSAIS
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