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Une station chic en Suisse, l'hiver comme l'été, tel est le Crans-Montana des années soixante. S'y retrouvent des familles venues du XVIe arrondissement comme de Milan. Des garçons timides, encore élèves de lycées parisiens, s'émerveillent devant un trio de jeunes filles très complices, Charlie, Chris, Claudia — il les baptisent « les 3 C ». Ils les croisent sur les pistes comme en bars et discothèques. Ils n'ont pas davantage l'occasion de les fréquenter alors de façon plus intime. Les années défilent, les 3 C se séparent ou s'éloignent, et ils passent des vacances ailleurs, à Courchevel ou Saint-Tropez. Mais vingt et quelques années plus tard, un accident de la route rappelle aux garçons le temps où ils étaient amoureux des 3 C et sans doute plus de Claudia que des autres. Jadis ils regardaient d'un œil jaloux sa proximité avec l'épicier qui livrait les produits de luxe au chalet de sa famille. C'était une autre époque. Comme le temps passe...

L'intérêt du livre c'est un peu la peinture d'une station de ski à la mode : « Sur les hauteurs, des bétonnières et des grues travaillaient sans cesse à la construction de résidences secondaires, ultra modernes et luxueuses. Dans la vallée, on surnommait Crans-Montana la station de toutes les putains ». C'est la description par petites touches d'une société privilégiée au cours des années 60 et suivantes, un milieu amateur de fêtes clinquantes, secoué par l'évolution des mœurs puis inquiété par l'arrivée au pouvoir de Mitterrand et le contrôle des changes. «  À Crans-Montana, tout le monde avait quelque chose à cacher – des fantômes, des comptes bancaires, un passé… »

L'intérêt de ce roman me paraît résider plus encore dans son écriture. La rédaction de la première puis la dernière partie repose sur une voix collective, ce « nous », celui d'une série de jeunes hommes que l'auteure appelle toujours par leur prénom et leur patronyme, comme d'ailleurs leurs parents, ce qui accentue peut-être le caractère élitiste du milieu étudié.

La sortie remarquée de “Summer” en 2017 m'a incité à rechercher ce roman précédent. L'écriture légère et agréable de la romancière présageait en effet de futurs succès.

 

• Monica Sabolo. Crans-Montana. J.C.Lattès, 2015, 248 pages.

 

 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE
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