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Historien spécialiste de l’Afrique, F.X. Fauvelle se livre ici à une originale aventure scripturale : il entreprend, en se fondant sur une anthropologie imaginaire, de faire revivre les Khoekhoe, l’un des premiers peuples d’Afrique du Sud dont il tente de retrouver traces.
La forme de son essai ne manque pas de surprendre où le récit chronologique de l’histoire des Khoekhoe croise l’enquête de terrain qui, partant du présent, égratigne le palimpseste du passé. À l’aide de cette double focale F.X. Fauvelle retrace le processus de refoulement historique qui a entraîné la disparition de ce peuple.
Peuples premiers d’Afrique du Sud, les San, chasseurs, aujourd’hui les Bushmen, cohabitaient difficilement avec les Khoekhoe, éleveurs. ceux-ci parlaient le khoesan, une langue à « clics » assimilée par les colons hollandais à un caquetage animal. Ils les appelèrent « hottentots », surnom péjoratif signifiant « bègue » en Hollandais. Ainsi assimilés à du gibier, les Khoekhoe furent peu à peu exterminés. Ce qui rend leur tragique destin plus inhumain encore c’est l'intérêt que les scientifiques portèrent à leur aspect physique qui les excluait, selon eux, de l’espèce humaine. L’exemple le plus célèbre fut celui de Sarah Baartman, la Vénus hottentote ; jusqu’à son décès en 1815 elle fut exhibée comme bête de foire dans les cirques et expositions en raison de l’hypertrophie de ses parties génitales et de la protubérance de son fessier. Après sa mort, le Musée de l’Homme exposa même ses organes conservés dans le formol. Leur restitution à l’Afrique du Sud en 2002 réveilla le sentiment identitaire des « Colored ».
Cet ouvrage n’apporte guère de nouvelles informations sur les Hottentots. Il est surtout l’occasion, pour F.X. Fauvelle, d’interroger la relation que les occidentaux entretiennent avec les peuples premiers. Que serait, selon lui, le « sauvage idéal », exemplaire ? Celui que l’on s’invente, entre ce que nous ne pouvons plus être — notre désir d’ensauvagement — et ce que nous ne voulons plus être — notre réflexe de refoulement.
À l’inverse de Levi-Strauss qui finit par haïr les voyages, F.X. Fauvelle estime que ces derniers « nous convient à un outrepassement auquel il faut consentir » et qui nous permet de « devenir sauvages ».... Telle est peut-être son aspiration secrète !
 
• François-Xavier FAUVELLE. À la recherche du sauvage idéal. Seuil, août 2017, 220 pages. Bibliographie. 
Chroniqué par Kate

 
Tag(s) : #AFRIQUE, #HISTOIRE GENERALE
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