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C. Pépin, philosophe et enseignant, soutient que l’échec est formateur. De Barbara à Gainsbourg, d’Edison à Steve Jobs, de Nadal à de Gaulle, tous ont échoué avant de réussir et c’est « parce qu’ils ont échoué qu’ils ont réussi ». On prend acte.

Descartes et Platon passent au banc des accusés, tandis que Nietzsche, Freud et Sartre nous éclaireraient... Pépin affirme la vertu de l’échec à condition « qu’il soit accueilli et questionné » : c’est là toute la difficulté. Comment interroger son propre échec, comment aider autrui à comprendre le sien ? L’auteur reste bien silencieux...

Ses exemples lui permettent de prétendre que l’erreur permet de progresser en obligeant à prendre du recul, à réadapter ses stratégies et à mieux évaluer les risques. Elle nous rend plus réalistes et nous permet de rebondir. Ce fut le cas de Steve Jobs, licencié de sa propre entreprise en 1985. Comme on ne se trouve que dans l’adversité, l’échec peut faire découvrir ce que l’on ne cherchait pas, notre motivation inconsciente. Tel Darwin, ou M. Tournier ou les sœurs Tatin : ils ont connu le succès grâce à cette sérendipité. On devient alors ce que l’on est, comme l’enjoignait Nietzsche, on prend conscience de son désir profond.

Seulement voilà : dans la culture française l’échec est mal considéré. Selon Descartes pour qui « quand on veut on peut », échouer résulte d’une faiblesse de la volonté ; selon Kant, d’une faiblesse de la raison. Ce volontarisme occidental marque l’école française : obsédée par les diplômes et le profil type du bon élève bien dans les normes, elle considère l’échec comme une faute, honteuse et culpabilisante. Dès lors, l’élève dont la copie est nulle s’y identifie et perd toute confiance en ses capacités ; ou bien crie à l’injustice car la note ne correspond pas à l’image qu’il se fait de lui-même.

Face à ces cas fréquents d’auto-dévaluation ou de déni de l’échec, comment peut-on amener l’élève à l’accepter, le comprendre et le surmonter ? C.Pépin note bien « qu’il y a des échecs dont on ne se relève pas » mais il n’explore pas cette difficulté.

Il n’a pas tort de souligner que l’essentialisme cartésien, le déterminisme de l’inconscient freudien et l’existentialisme sartrien restent des théories idéalistes insuffisantes pour cerner le fonctionnement de la volonté humaine. Les associer permet une approche plus réaliste. Reste que C. Pépin, adepte de Sartre, demeure persuadé que « l’homme est ce qu’il se fait » et ne donne guère les moyens de dépasser un échec.

Son optimisme fort sympathique laisse le lecteur insatisfait.

Charles Pépin. Les vertus de l'échec. Allary éd. 2016, 256 pages.

Lu et chroniqué par Kate

Tag(s) : #PHILOSOPHIE, #EDUCATION, #ESSAIS
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