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« Quand je vois Adam Góngora, pendu par les pieds, comme un chien, au poteau télégraphique en face de chez moi, je sens que j'ai mené à bien une œuvre de salubrité publique… » Mais pourquoi tant de haine ?

 

Dans ce qui est l'un de ses derniers ouvrages Carlos Fuentes n'hésite pas à régler quelques comptes avec son pays. Adam Gorozpe, le narrateur, avocat et homme d'affaires de renom, expose sans beaucoup de pudeur ses relations familiales : avec son épouse Priscila — autrefois Reine du Printemps ou Marraine du Salon de l'Auto —, avec son riche beau-père don Celestino Holguin, le Roi des Gâteaux, avec son jeune beau-frère Abelardo qui tourne le dos à la poésie pour les séries télévisées. Au fil des années, Priscila lui est devenue indifférente et, sorti de ses affaires, il ne vit que pour les beaux yeux de sa maîtresse L. mais voici que s'invite à la maison un autre Adam, Góngora, le nouveau chef de la police, un militaire chargé de la sécurité publique et un peu de jalousie vient épicer le récit. Mais le pire, c'est que cet autre Adam, théoriquement nommé pour combattre les narco-trafiquants (on est à Mexico, pas en Éden, il ne faut pas l'oublier ! ) se contente d'arrêter sdf, petits délinquants, et coupables imaginaires venus du petit peuple, tel le fils du jardinier de la maisonnée Holguin.

 

Entre les deux Adam la guerre est ouverte. Le policier corrompu imagine pouvoir s'approprier la belle Priscila en éliminant le père opposé à son divorce, mais l'affaire est ratée et il se venge sur le domicile de L. Fou de colère, Adam Gorozpe échafaude un coûteux et diabolique projet destiné à nettoyer le pays des narcos, tandis qu'au carrefour de deux artères importantes de la capitale, un jeune garçon en appelle à la justice de la providence : « Croyez en l'épée divine ! ». Mais ce sont des mercenaires étrangers qu'on obtiendra en renfort...

 

L'homme d'affaires — donc se moque aussi l'auteur — se prend tellement pour un astre éblouissant qu'autour de la table directoriale ses cadres portent des lunettes de soleil mais lui ne comprend pas pourquoi... Si l'on éprouve quelque regret en refermant ce bref roman plaisant, c'est bien parce que l'on pouvait imaginer des aventures plus détaillées, encore plus palpitantes et lourdes de rebondissements, mais Adam en Éden n'est pas un roman noir ! Tout de même convenons que eux Adam pour un même Éden, c'était un de trop !

 

Carlos Fuentes. Adam en Éden. Traduit par Vanessa Capieu. Gallimard, 2015, 224 pages. (édition originale : 2009).

 

Tag(s) : #AMERIQUE LATINE, #MEXIQUE
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