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Loin des polars de plusieurs centaines de pages, ce mince volume de l'écrivain sarde nous transporte à la fin du XIXe siècle pour une intrigue rurale — en pleine Barbagia évidemment. Outre l'intérêt de la brièveté, ce texte ajoute celui d'une narration particulière, éclatée entre l'auteur, son père qui a vécu au temps de l'affaire, et l'avocat Bustianu — de son vrai nom Sebastianu Satta — qui par devoir et générosité s'est lancé dans une enquête pour sauver un innocent.

 

« Elle avait deux yeux verts, Sisinnia, et des cheveux sombres comme la poix ». Cosma et Dolores, des propriétaires terriens du côté de Nuoro, n'ont pas d'autre héritier et leur fille Sisinnia ne manque pas de prétendants. Mais c'est le berger des troupeaux de la famille, le beau Zenobi, qu'elle préfère en secret. Ah ! Les prénoms qu'ils portent ! Sisinnia mariée à Zenobi, est-ce possible ? Là dessus, ses parents sont divisés. Ils le sont aussi par d'autres motifs : il y a cette terre dont ils ont hérité et que Bartolomeo, le frère de Cosma, souhaite continuer de louer complaisamment à l'Eglise locale ; il y a aussi que Bartolomeo convoite Dolores, aussi belle que sa fille... Alors il a été imaginé une machination pour étiqueter Zenobi comme voleur de bétail et le pousser à prendre le maquis. Et ce n'est pas tout, puisque l'avocat Bustianu, devra aussi démêler deux assassinats.

 

Les journées de l'avocat ne se limitent pas à compulser des dossiers. Quand d'autres font la sieste, il préfère une longue promenade sur les collines, empruntant un sentier qui lui est toujours cher (d'où le titre) et il est bien connu que la marche stimule les cogitations. Il lui faudra convaincre le brigadier Poli, qui n'a pas envie de complications quand une famille puissante est au centre des ragots et que l'identité sarde est trop commodément convoquée, et en mauvaise part, pour accuser un jeune berger plutôt que ses patrons latifundistes. Quand le procureur du roi — qui fête son retour sur le continent — soutient que les paysans sardes dont l'île a été réunie à la couronne il y a peine une génération sont encore des « primitifs », de tels propos ne peuvent que hâter l'avocat vers la solution de cette affaire qui ne lui rapportera rien sinon apaiser son besoin de justice.

 

Marcello Fois. Sempre caro. Traduit par Serge Quadruppani. Points, 2005,117 pages. (Frassinelli, 1998).

 

Tag(s) : #LITTERATURE ITALIENNE
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