Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Si le polar contemporain porte un intérêt marqué aux problèmes psychologiques et sentimentaux de l'enquêteur — qu'on pense à la série des Wallander — alors il est probable qu'avec Un vide à la place du cœur, Alicia Giménez Bartlett atteigne un record.

L'histoire en elle-même commence quand Petra, une inspectrice de Barcelone, se fait dérober son sac à main en allant aux toilettes d'une galerie marchande. La petite voleuse qui vient de chaparder avec audace et agilité a agi dans le seul but de s'emparer du Glock de la policière. A partir de cela l'auteure échafaude une sombre histoire de réseau de prostitution et de photos pornographiques mettant en cause des fillettes. Mais ces dernières sont vraiment très redoutables et Delia, la petite voleuse, va aussi se faire justicière. On n'en dira pas plus sur l'intrigue policière qui met en cause des clandestins venus de Roumanie et un centre d'accueil pour mineures. Mais il faut savoir que l'enquête avance très lentement, que Petra se décourage parfois au point d'envisager sa démission. Toutes ces pauses dans l'intrigue ménagent de la place pour raconter autre chose.

C'est ainsi que se dévoile toute la vie sentimentale du commissariat. Petra, solitaire par choix, séduit un architecte deux fois divorcé que l'enquête a placé sur son chemin. Son adjoint Garzon et la jeune policière Yolanda se retrouvent eux aussi empêtrés dans leurs affaires de cœur et Petra est sans cesse consultée par eux. « Pourquoi ne pas me lancer dans le conseil matrimonial plutôt que de suivre la trace d'assassins sanguinaires et de petites filles perfides ? » se demande Petra Delicado. Trois mariages se profilent à l'issue de l'enquête criminelle !

Le commissaire appelé à faire un discours pour la cérémonie dressera finalement fort bien le portrait de l'héroïne (dont c'est la septième enquête) : « une bagarreuse qui se plaint tout le temps, une anar, une tête de mule, une cynique et, qualité suprême — vous me passerez l'expression — une casse-couilles ». C'est pourtant la même qui offrira une anthologie poétique à un prisonnier antipathique et sans cœur !

 

Alicia Giménez Bartlett. Un vide à la place du cœur. (Nido vacio). Traduit par Olivier Hamilton et Johanna Dautzenberg. Rivages/Noir. 2010, 432 pages.

 

 

Tag(s) : #LITTERATURE ESPAGNOLE
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :