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Que le titre ne vous trompe pas, ceci n'est pas un livre sur le cinéma et l'auteure n'a pas écrit les mémoires de Jean Gabin. Voici en fait les souvenirs d'adolescence de G. Sapienza !
Elle est la dernière née, en 1924, dans une famille recomposée et de ce fait nombreuse. Maria, sa mère avait eu sept enfants d'un même compagnon mort à la guerre et Giuseppe son père avait eu trois enfants avec une épouse décédée quatre ans auparavant. C'est le socialisme qui a créé leur foyer tourné vers la défense des pauvres et des ouvriers. Le ménage connu pour sa liberté de pensée et son antifascisme réside dans la Civita, le quartier populaire de Catane où Goliarda fait son éducation plus qu'à l'école.
Au cinéma Mirone, dans son quartier, elle assiste fascinée à la représentation de Pépé le Moko ; on annonce pour bientôt la sortie de Quai des brumes. Le récit autobiographique tient dans l'intervalle. La gamine a été si impressionnée par l'acteur français qu'elle s'imagine dialoguer avec lui tout en vivant sa vie de petite dernière dans une maisonnée assez bizarre où un demi-frère, Ivanoé, l'élève plus que sa mère, et où les domestiques qui se succèdent, Tina puis Zoé, sont des criminelles en fin de peine où en libération anticipée dont Giuseppe a été l'avocat. Frisson garanti : Tina cache un couteau dans son corsage.
Quand elle oublie l'école et le professeur Jsaya, Goliarda qu'on surnomme Iuzza, va traîner chez l'oncle Giovanni un commerçant qui pourrait lui confier une livraison susceptible de rapporter une ou deux lires, ou chez le montreur de marionnettes, où elle pourra raccommoder des puppi pour quelques lires aussi. C'est qu'il faut travailler pour financer les places de cinéma et les crespelle car à la maison il n'y a pas toujours à manger. Mais gare à la frangine Musetta qui a découvert la cachette des quelques lires mises de côté !
C'est agréablement écrit, d'une plume amusée voire impertinente, et juste assez long pour peupler une après-midi de lecture en rêvant au soleil de Catane. En appendice, un dossier rappelle la vie compliquée de Goliarda Sapienza que l'on connaît surtout par son chef-d'œuvre, l'Art de la Joie.
 
Goliarda Sapienza. Moi, Jean Gabin. Traduit par Nathalie Castagné. Le Tripode/Attila, 2012, 175 pages.

 

Tag(s) : #LITTERATURE ITALIENNE
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