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Majésu Monroe, brocanteur poétique et trivial a eu le bonheur d'avoir comme cliente Noème Parker : bientôt ils s'adorent. Au début de leur cohabitation, ils vivent d'amour et d'eau fraîche, euh ! Non, pas d'eau du tout. Leur seule consommation ostentatoire c'est bière et pinard. Du côté Parker, parents richissimes, propriété fastueuse, entreprises juteuses, mais on garde un secret, celui des origines de tant d'argent. Fille de riches, Noème est devenue communiste. Elle est fâchée avec tous les patrons, comme ce Dourdine qui vient d'être assassiné et pour lequel on a arrêté l'huissier Brahut, un cocu à ce qu'on dit en ville. Noème déteste ses parents à la folie : elle rêve que Majésu leur fasse la peau. Et Majésu dans sa suffisance de mâle prétend être celui qui a vraiment trucidé Dourdine. Les preuves ? Dans sa boîte à secrets ! Noème s'en pâme. « Elle apprenait les injures antipatronales comme les enfants apprennent des poésies à l'école ».

Arrive que Majésu et Noème ont décidé de s'épouser : il faudra bien qu'elle présente le brocanteur à ses nantis de parents. Franz Bartelt nous imagine alors des scènes piquantes, extravagantes, avec mariés en guenilles et cadeau de mariage de cent mille dollars dans une enveloppe que Majésu s'empresse de mettre à l'abri, habitué qu'il est à la fragilité des choses qui sont affaire de brocanteur.

Mais voilà que les parents Parker trouvent la mort dans un attentat à l'étranger et Noème change du tout au tout. Le jeune couple se déchire. Noème veut divorcer. Majésu n'y tient pas. Noème recherche les cent mille dollars. Chacun cherche à priver l'autre d'un énorme héritage. Il y a du chantage dans l'air. Majésu ne s'est-il pas vanté auprès de sa femme d'avoir assassiné Dourdine ? L'inspecteur Braoudate entre en scène. Les coups de théâtre s'accumulent jusqu'à la fin, je veux dire vraiment jusqu'à la dernière page...

La verve de Franz Bartelt n'en finit pas d'injecter du tonus à cette histoire extravagante et drolatique qui nous est contée par Majésu en personne, toujours soucieux de mettre les rieurs de son côté, mais quand même bigrement intéressé par les enveloppes pleines de grosses coupures, au moins autant que par la chaussette ou le fémur de Rimbaud, les œufs de Colomb, et autres pacotilles invraisemblables. Rire n'est pas tout : ce roman satirique flirte avec la Série noire plus que les premières pages n'en donnent l'idée : meurtres, suicides, enlèvement, vol, disparition, corruption, et réseau criminel, il en a tous les ingrédients.

Franz Bartelt réinvente une littérature populaire et divertissante mais son écriture n'est nullement bradée. Ce roman léger se situe quelque part entre les mondes de Marcel Aymé, Raymond Queneau et San Antonio...

 

• Franz Bartelt. Le fémur de Rimbaud. Gallimard, 2013, 247 pages.

 

Tag(s) : #LITTERATURE FRANÇAISE
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