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Après l'étude du chinois et un séjour en Birmanie, Harry est revenu à Chicago « lieu de [s]es racines affectives » pour ouvrir une boutique d'antiquités qui lui donne la réputation de connaisseur de l'Orient et lui donne accès à la meilleure société. À l'occasion d'un dîner en ville, il fait la connaissance d'un vieux milliardaire, Sigmund Adletsky. Peu après il retrouve Amy, renouant avec une vieille complicité datant de leur adolescence. C'est d'ailleurs Adletsky qui contribue à les rapprocher : il apprécie l'esprit et la conversation d'Harry et il fait appel à Amy pour ses connaissances en matière d'art et de décoration. Développant son rôle de pygmalion, il pousse même Harry à accompagner Amy lors d'un délicat rendez-vous au cimetière juif. Dès lors Amy et Harry sont bien conscients qu' « une affinité véritable » les réunit.
 
Ce court roman montre comment Saul Bellow mêle habilement les conversations de ses personnages à un récit à la première personne et le tout est mené sur un rythme assez vif. Au fil du texte, on savoure les succulents portraits des personnages, dont beaucoup sont juifs comme généralement chez Bellow. L'écrivain s'attarde particulièrement sur Adletsky — devenu nonagénaire, « il faisait une percée dans la compassion, un domaine nouveau pour lui » — et plus encore sur Amy, « sa famille était convenable, des Juifs germanophones d'Odessa éduqués au gymnasium ». Elle est veuve de Jay, un avocat mondain spécialisé dans les divorces, à commencer par celui de son épouse : il a enregistré sur bande magnétique les confidences intimes et les ébats sexuels qu'elle eut avec un amant new-yorkais. Jay était par ailleurs un lecteur superficiel qui ne lisait que le premier chapitre des ouvrages qu'il achetait, juste pour en retenir une ou deux citations marquantes à l'intention des femmes qu'il séduisait. Le couple que forment Bodo et Madge donne également lieu à de belles descriptions : lui, l'industriel du jouet, a épousé une seconde fois sa femme après l'avoir tirée de prison où une tentative d'assassinat sur son mari l'avait conduite. Madge a aussi un truc infaillible pour avoir un entretien en privé avec Amy : arroser sa jupe de thé en faisant semblant d'avoir oublié ses verres de contact !
L'intrigue ne donne pas l'impression d'être très structurée, elle paraît avancer en zigzag, mais en fait elle conduit presque fatalement à une happy end bien que cela se passe dans un cimetière de Chicago.
 
• Saul Bellow. Une affinité véritable. Traduit par Rémy Lambrechts. Gallimard, 1998, 125 pages.
 

 
 
Tag(s) : #LITTERATURE ETATS-UNIS
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