
Or, les sociologues rappellent — comme Meirieu dans « Comment aider nos enfants à réussir » —, que désormais « réussir c’est pouvoir choisir », donc diversifier les parcours scolaires et les formations pour permettre à chaque élève de construire son projet personnel. Trois concepts fondent les dix propositions : diversification, interdisciplinarité, professionnalisation. Créer des liens entre les disciplines académiques éviterait l’empilement de connaissances décloisonnées, amènerait un allègement des programmes et en corrigerait le caractère de plus en plus abstrait. Ces projets permettraient l’apprentissage de nouvelles compétences qui restent à préciser dans le socle commun. Celui-ci, articulé à des modules, comme dans le projet de réforme de N.Vallaud-Belkacem, ouvrirait des perspectives de choix à tous les jeunes.
Il est nécessaire de leur offrir des formations professionnelles en même temps que leurs études afin de leur présenter des voies d’accès à l’emploi et de démystifier le pouvoir des seuls diplômes. Il devient par ailleurs urgent d’apprendre aux futurs maîtres le métier d’enseignant : car le statut n’est pas le métier et être agrégé n’induit pas de savoir gérer une classe.
Tous les enfants sont éducables si on les aide à trouver leur voie martèlent les auteurs. Ils dénoncent les politiques de l’égalité, la conception actuelle de la laïcité et surtout la mode des leçons de morale ou de citoyenneté : les comportements du vivre ensemble à l’école seront toujours plus efficients que des discours à mémoriser.
Ces propositions n’ont rien d’utopique dans l’ensemble et l’ouvrage a le mérite de faire comprendre pourquoi « changer d’école » relève en France de la gageure. Toutefois aucune de ces propositions n'est inédite...
N. Vallaud-Belkacem parviendra-t-elle à relever le défi ?
• François Dubet / Marie Duru-Bellat. Dix propositions pour changer d'école. Seuil, 9-2015, 148 pages.