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Les deux sociologues plaident pour un « changement de cap » de l’école française qui ne joue plus son rôle pour tous les jeunes. Nul ne l’ignore, pourtant rien ne change hormis quelques aménagements, comme si la transformer c’était l’affaiblir. « Notre école doit changer de nature, de fonctionnement et de manière de travailler » déclarent-ils. Trop d’élèves échouent, les inégalités scolaires aggravent les inégalités sociales. Former une élite, certes, mais sans laisser la majorité des élèves au bord du chemin. Pourtant des expériences d’école différente fonctionnent, comme Clisthène à Bordeaux et « bien des établissements ont déjà mis en œuvre la plupart des propositions émises dans ce livre » précisent les auteurs. Mais en France, toute voie éducative nouvelle et positive est considérée comme expérimentale, marginale : trop de groupes de pression ont intérêt à ne rien modifier.
Or, les sociologues rappellent — comme Meirieu dans « Comment aider nos enfants à réussir » —, que désormais « réussir c’est pouvoir choisir », donc diversifier les parcours scolaires et les formations pour permettre à chaque élève de construire son projet personnel. Trois concepts fondent les dix propositions : diversification, interdisciplinarité, professionnalisation. Créer des liens entre les disciplines académiques éviterait l’empilement de connaissances décloisonnées, amènerait un allègement des programmes et en corrigerait le caractère de plus en plus abstrait. Ces projets permettraient l’apprentissage de nouvelles compétences qui restent à préciser  dans le socle commun. Celui-ci, articulé à des modules, comme dans le projet de réforme de N.Vallaud-Belkacem, ouvrirait des perspectives de choix à tous les jeunes.
Il est nécessaire de leur offrir des formations professionnelles en même temps que leurs études afin de leur présenter des voies d’accès à l’emploi et de démystifier le pouvoir des seuls diplômes. Il devient par ailleurs urgent d’apprendre aux futurs maîtres le métier d’enseignant : car le statut n’est pas le métier et être agrégé n’induit pas de savoir gérer une classe.
Tous les enfants sont éducables si on les aide à trouver leur voie martèlent les auteurs. Ils dénoncent les politiques de l’égalité, la conception actuelle de la laïcité et surtout la mode des leçons de morale ou de citoyenneté : les comportements du vivre ensemble à l’école seront toujours plus efficients que des discours à mémoriser.
Ces propositions n’ont rien d’utopique dans l’ensemble et l’ouvrage a le mérite de faire comprendre pourquoi « changer d’école » relève en France de la gageure. Toutefois aucune de ces propositions n'est inédite...
N. Vallaud-Belkacem parviendra-t-elle à relever le défi ?
• François Dubet / Marie Duru-Bellat. Dix propositions pour changer d'école. Seuil, 9-2015, 148 pages.

 

Tag(s) : #EDUCATION
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