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Mis à part quelques auteurs comme Vassilis Alexakis, la littérature grecque contemporaine reste à peu près invisible en France, aussi découvrir une auteure comme Ersi Sotiropoulos peut combler le lecteur d'autant plus que Dompter la bête se laisse lire très agréablement. L'intrigue a l'air toute simple durant de nombreuses pages avant que ne se mette en place la tragédie finale que le lecteur ne voit vraiment pas venir.

Le roman suit une courte période de la vie d'Àris Pavlòpoulos, conseiller personnel d'un ministre du gouvernement grec à l'époque où la préparation des Jeux Olympiques multiplie les chantiers et les embouteillages dans la capitale. Jadis exilé en Italie au temps de la dictature des colonels, il y a bien longtemps qu'il a abandonné les idéaux révolutionnaires de sa jeunesse et de ce séjour italien il n'a conservé que son épouse Carla. Maintenant il la dédaigne au profit d'une jeune journaliste, Penny, qui l'a accompagné lors d'un récent voyage en Espagne. Il en a rapporté un masque de taureau qui l'excite lors de ses rendez-vous galants alors que cette bouffonnerie agace plutôt Penny. On s'aperçoit que cet égoïste d'Àris n'est ni très attentionné envers ses proches ni très attentif à leurs réactions. Il remet à plus tard, il fait attendre. Il est obnubilé par deux ou trois choses. Par une soirée poétique où il est invité à réciter une œuvre qu'il n'a pas encore écrite. Par « le type au bonnet rouge de la Peugeot » — mentionné dès la page 15 — qui « plonge » sur sa Mercedes dans les rues d'Athènes et qui personnifie le destin, la fatalité. Par l'ambigu Takopoulos qui insiste pour lui remettre une enveloppe contenant un chèque sans doute pour le corrompre et lui faire perdre sa place, son chauffeur, sa voiture de fonction. Nous sommes dans la patrie de la tragédie, il ne faut pas l'oublier.

Avant que tout ne s'effondre en tragédie, la comédie bat son plein. Un bouquet de roses envoyé à la mauvaise adresse suscite une scène digne d'un vaudeville. L'histoire de la vieille maman d'Àris fait basculer de la comédie à la tragédie ; elle passe ses journées à se prendre pour Nikki Abbott dans Les Feux de l'amour mais seul son petit-fils s'inquiète vraiment d'elle. Paolo tente vainement de faire réagir son père, mais Àris n'aime pas ce fils qu'il appelle le Cannibale. À l'insu d'Àris, diverses relations se nouent entre le type au bonnet rouge, le Cannibale, Penny et Carla. Avec son masque de taureau, Àris se croyait très fort, mais à ce petit jeu il va se perdre. On n'en dira pas plus.

Ersi Sotiropoulos. Dompter la bête. Traduit par Michel Volkovitch. Quidam éditeur, 2011, 232 pages.

 

Tag(s) : #Littérature grecque
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