Quelques chevets romans de Saintonge
Dominant de plusieurs mètres l'estuaire de la Gironde, l'église Sainte-Radegonde de Talmont, juchée sur un éperon rocheux menacé par l'érosion marine, offre une image spectaculaire qui est devenue une icône touristique, symbole de la Saintonge.
L'élévation de ce chevet aux registres superposés se retrouve à l'église Notre-Dame de Rioux, mais on est passé d'une structure arrondie à une structure anguleuse.
Au-dessus des ouvertures du chœur, des séries de quatre arcatures (au lieu de trois à Talmont) reposent sur des colonnettes simples. Les colonnes séparent des parements en zigzag, en opus spicatum, ou en imbrications.
Rioux c'est l'un des chevets les plus harmonieux qui soient avec sa remarquable décoration abstraite et géométrique.
Les modillons ne sont pas l'élément le plus spectaculaire de ce chevet. Un monstre tire la langue. Les modillons sont séparés de métopes sculptés.
Même les colonnettes présentent quelque singularité.
De riches voussures décorées d'entrelacs au dessin très inventif encadrent les fenêtres.
Au cœur de la Saintonge, le chevet de l'église de Marignac est l'exemple de l'élégance romane dans une décoration dépouillée, magnifiée par la pierre calcaire.
Cette simplicité du chevet se retrouve à Saint-André de Clion, près de Jonzac, une bien modeste église de village. Le motif de la pointe de diamant est cependant présent...
À l'opposé, une plus grande sophistication se constate dans deux des plus grandes édifices romans des Charentes, sur l'une des principales routes de Compostelle.
Saintes : le chevet de l'église Saint-Eutrope — du nom du premier évêque de la ville — a ceci d'exceptionnel qu'il donne l'impression d'un édifice à étages, à deux niveaux. En fait, l'ancienne église est devenue une église basse, une crypte incomplètement souterraine surmontée d'une construction plus récente qui, intérieurement, est en grande partie gothique.
L'Est de la Saintonge s'ouvre sur l'Angoumois. Le chevet de Saint-Pierre d'Angoulême est souvent zappé par les visiteurs qui admirent l'imposante façade et les coupoles qui surmontent la nef. Il faut se glisser dans une petite rue assez obscure pour avoir cette vue très "arrangée" par Viollet-le-Duc au XIXe siècle...
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• Même si bien des chevets romans sont encore plus élaborés ou encore plus décorés que ceux-ci, s'impose assez l'idée que le chevet est toujours un élément très important de l'architecture romane sinon du décor roman.
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