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         Silvestre, blondinet de sept ans, est renversé par une voiture : Armando, le conducteur, ne s'est pas arrêté. Le chauffard était venu de sa ferme du département de Cobán pour livrer de la drogue chez Joaquín en centre-ville. L'auteur nous dirige-t-il vers un classique des accidents de la circulation ou vers un trafic de drogue ou vers « une tentative de kidnapping » ?

 

L'enquête prend en effet diverses directions. Des poneys promènent des enfants dans les jardins du boulevard des Amériques à Ciudad de Guatemala. Silvestre chevauchait l'un de ces poneys, qui a quitté son chemin brusquement et traversé devant la voiture d'Armando équipée de gros pare-chocs. L'avocat de Joaquín s'inquiète de savoir si l'immatriculation de la Discovery a été relevée. Ce Silvestre, c'était « un bon client » c'est-à-dire un habitué apprend l'enquêteur Rastelli : on aurait donc pu préparer cet accident. L'amie de Joaquín, la journaliste Elena, formule la même hypothèse. L'inspecteur Rastelli approfondit l'enquête pour la mère de Silvestre, la fuyante doña Ileana. Des informateurs il en trouve facilement dans ce centre-ville : « des dizaines de milliers de Guatémaltèques participaient à l'obscur commerce de l'information. N'importe lequel de vos amis ou n'importe laquelle de vos connaissances était ou pouvait être un indic. » Alors l'enquête avance vite. Le jeune employé chargé d'accompagner le poney a été payé pour le lâcher au milieu de la circulation. Le père adoptif du jeune Silvestre est un homme d'affaires sans scrupules, impliqué dans des trafics et peut-être même dans l'accident. Silvestre a survécu mais reste menacé — n'écrit-on pas dans la presse que sa famille biologique a débarqué ? Rastelli va l'enlever de l'hôpital pour le mettre en lieu sûr plutôt que dans sa famille adoptive : la bande des gamins de la rue appelée les Pierres enchantées ! Paradoxe s'il en est.

 

L'auteur, spécialiste de la nouvelle et des romans courts, a voulu présenter une étude de la violence quotidienne dans son pays. Le récit, assez sec, ne se disperse pas dans de longues analyses psychologiques ni de longues descriptions. Sa phrase courte suggère vite une voie possible : « Silvestre était un petit orphelin belge que Dieu ou le hasard avait emmené au Guatemala » : cela laisse supposer l'existence de trafics d'adoption, comme il semble en apparaître un à la fin du “Silence des eaux”. Ou encore : « Ils vont me tuer » se dit Silvestre avant de s'endormir la veille de l'accident entendant la bonne ouvrir la porte de service à un homme. À qui se fier dans cette société malade ?

 

Rodrigo REY ROSA. Pierres enchantées. Traduit par André Gabastou. Gallimard, 130 pages.

 

 

 

Tag(s) : #AMERIQUE LATINE, #GUATEMALA
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