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Pour aller vite, disons que ce recueil paru en 1963 groupe des histoires de mort, qu'on y passe du fantastique au réalisme, et qu'on y consomme régulièrement du cognac.

 

• Une majorité de textes se déroule à Paris. Dans la nouvelle qui donne son titre à l'ensemble, “Les armes secrètes”, Pierre et Michèle quittent le Quartier latin pour passer quelques jours dans une villa de banlieue ; ressurgit « une histoire classée depuis longtemps » avec à la clef ce qui semble être un règlement de compte du temps de la guerre. “La nuit face au ciel” mélange brillamment réel et imaginaire : un motard accidenté rêve du sacrifice aztèque qui l'attend à moins que la victime sacrificielle ne rêve d'accident fatal à moto. Dans “Axolotl” le narrateur fréquente le Jardin des Plantes et se sent proche des axolotls dans l'aquarium ! Avec “Les fils de la Vierge” on va au bord de la Seine. Un photographe a cadré un couple dans son objectif. La femme est mécontente. Le jeune homme s'enfuit. À scruter de plus près le négatif, le photographe imagine une autre interprétation. « Personne ne saura jamais comment il faudrait raconter cette histoire » écrit l'auteur en commençant. Pourtant c'est ce qui a inspiré “Blow Up”à Antonioni. “Bons et loyaux services” met en scène une employée de maison. Elle est engagée pour garder les chiens durant une réception. Puis recrutée pour interpréter la mère d'un défunt lors de ses obsèques. Sa prestation est d'autant plus remarquable qu'elle avait rencontré le défunt lors de son engagement précédent et l'avait trouvé sympathique. Pour “Lettres de maman” : voir “Gîtes”.

 

• D'autres nouvelles se situent en Argentine. Dans “Circé” le match Firpo-Dempsey sert de datation. Si Délia, contrairement à Circé, ne change pas en pourceaux les compagnons d'Ulysse, elle a déjà envoyé dans l'autre monde deux fiancés. Mario, le troisième, évitera-t-il ce sort funeste ? Dans “Les Portes du Ciel”, Célina vient de mourir et Mauro est un veuf inconsolable. Le narrateur, ami du couple, va bientôt l'emmener au dancing à Palermo et Célina leur apparaîtra... Dans “La lointaine”, Alina Reyes a le vision d'une femme qui l'attend à Budapest ; son voyage de noces lui permettra d'aller vérifier le funeste pressentiment. Dans “La fin d'un jeu”, trois jeunes filles regardent chaque jour passer le train au bout du jardin familial et elles jouent à se déguiser. Un beau jeune homme les remarque. Celle qu'il préfère est gravement malade.

 

• Beaucoup de ces textes m'ont paru ennuyeux à lire, desservis par le flou du récit plutôt que portés par le charme de l'étrange, et il faut réellement se forcer pour arriver au bout. Tel est le cas des quatre-vingt pages de “L'homme à l'affut” (édité à part en folio 2 €) où l'intérêt tarde à venir ; le lecteur n'est pas immédiatement conquis par une histoire de saxophone perdu dans le métro par un jazzman alcoolique. Mais à la longue, on sera intéressé par la vie chaotique du musicien et la plongée dans l'histoire du jazz. Ce texte sur le séjour parisien d'un saxophoniste de Kansas City permet de reconnaître l'histoire de Charlie Parker qui mourut peu après à 34 ans. Son histoire est racontée par Bruno, un critique de jazz qui a publié une biographie du jazzman ; ce dernier reproche à son biographe de ne pas accorder assez de place à sa personne, à sa vie déréglée, à ses hallucinations. 

 

• Au final, ce recueil ne me semble pas la meilleure porte d'entrée pour venir faire connaissance avec le talent de Cortázar si l'on choisit de voire en lui un héritier du surréalisme et un auteur fantastique. Dans cette optique, “Continuité des parcs”, nouvelle très courte, est à conseiller! Le personnage entre dans la réalité, « le poignard en main » et se dirige vers la tête du lecteur...

 

Julio Cortázar. Les armes secrètes. Folio. 1973. 309 pages. Traduit par Laure Guille-Bataillon. 

 

 

Tag(s) : #ARGENTINE
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