À Puesto Libertad, dans une sorte d'Amazonie imaginaire, peuplée d'Indiens d'ethnies diverses et rivales, se vivent les lendemains pesants d'une insurrection et d'une révolution à l'issue incertaine conduite par le Drapeau dont Leonor Nieves et Maria Gabriela semblent être des responsables depuis que le leader, le juge Pomponi, a été assassiné.
Fabian Golpiez est interrogé sur son éventuelle responsabilité, sur sa relation avec Leonor Nieves, ainsi que sur sa santé mentale. Pour l'inciter à parler, on lui montre des diapositives à la lumière de faibles chandelles. Jour après jour, Golpiez raconte, dit le vrai ou invente.
Celui qui l'interroge, Gonçalvez, mi-aliéniste mi-chaman, œuvre dans l'ancien cabinet d'un dentiste, local envahi par les lianes et les insectes de la selva. Ce dentiste —mais l'était-il ?— s'était passionné pour la nomenclature de la faune et de la flore locales et en constituait un dictionnaire avant de disparaître. D'où abondance de noms exotiques ! « Gutierrez marmonnait le nom des singes. Saitaia, muriqui l'arachnoïde, saiburi, guigo, coata, caiarara, caipuyu main d'or… »
Golpiez l'aliéné, Gonçalvez l'aliéniste et Gutierrez le démobilisé, vont tenter, en compagnie de Manda, leur maîtresse commune, de quitter les lieux en pirogue, pour fonder une nouvelle communauté. Les flèches ennemies, la gangrène, la malaria risquent de les perdre.
Cette histoire assez envoûtante se lit aisément. Les avalanches répétitives de noms scientifiques concernant les chauves-souris, les singes, les arbres, les araignées, les oiseaux, etc..., n'empêchent pas réellement de s'intéresser à l'intrigue. Certains lecteurs trouveront même là une raison suffisante pour lire d'autres ouvrages signés Volodine.
• Antoine Volodine : Le nom des singes. Éditions de Minuit, 1994, 238 pages.