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Le FEU 

Ambivalence et portée symbolique à travers la peinture.

 

Giuseppe ARCIMBOLDO (1527-1593). Le Feu - Série “Les quatre éléments”, (1566. Kunsthistorisches Museum, Wien).

Fabienne QUINSAC (1940-2013). Feu d'enfer (2007).

En parcourant la peinture occidentale, on remarque que le feu constitue rarement le motif central d'un tableau. Les panoramas du Vésuve en éruption par le chevalier Volaire en constituent de célèbres exceptions. 

 

 

Pierre-Jacques VOLAIRE (1729-1799). Une éruption du Vésuve. Le chevalier Volaire s'est installé à Naples en 1767 devenant le spécialiste des représentations d'un volcan en éruption. Les voyageurs du “Grand Tour” pouvaient ainsi rapporter un souvenir de leur visite au Vésuve, qu'ils en aient ou non gravi les pentes.

Soit le peintre associe le feu aux activités humaines, soit il suggère par la présence du feu un sentiment, une idée ; soit enfin le feu participe de la signification symbolique de l'œuvre.

 

 

I. LE FEU DES ACTIVITÉS HUMAINES

• Le feu des tâches paysannes.

 

—  Camille PISSARRO (1830-1903). Jeune paysanne faisant du feu, gelée blanche (1887-89)

— Paul SÉRUSIER (1863-1927). Le feu dehors ou les Mammau (1893). Sérusier est représentatif des peintres de Pont-Aven. Ici, une illustration d'un rite celtique autour du feu, sur la colline surplombant le lac du Huelgoat.

 

• Le feu est dans l'usine où peinent les ouvriers.

— Adolf von MENZEL (1815-1905). La Forge ou les cyclopes modernes (Berlin, Altenationgalerie).

— James NASMYTH (1808-1890). Le marteau-pilon (1871). Fils du peintre Alexander Nasmyth, il est l'inventeur du marteau-pilon vers 1840.

— Armand GUILLAUMIN (1841-1927). Soleil couchant sur la Seine (1873, Musée d'Orsay). Au feu du soleil couchant s'ajoute le feu des chaudières que l'on imagine derrière ces cheminées d'usines.

 

• Le feu c'est le foyer domestique.

Il est nécessaire dans la cuisine. Le feu dans l'âtre réchauffe et nourrit. Il souligne l'intimité.

— Carlo Antonio CRESPI (1712 ? - 1781). Intérieur d'une cuisine. Pinacoteca Parmigiani, Bedonia, Italie.

— Pieter de HOOCH (1629-1684). Woman peeling apples (1663) Wallace collection, London.

La peinture de nu a souvent choisi de placer le modèle devant le feu d'une cheminée pour ajouter de la douceur et de l'intimité. 

— Pierre BONNARD (1867-1947). Nu devant la cheminée. (1919, Saint-Tropez, musée de l'Annonciade).

— Félix VALLOTTON (1885-1925). Femme nue devant une salamandre (1900, collection particulière).

— Marcel GROMAIRE (1892-1971). L'Âtre (1966. Vendu par la Galerie de Souzy, Paris). Le feu exprime aussi la force et la puissance : celle de Vulcain, celle de Prométhée, comme celle du Progrès humain.

 

• Le feu dans la mythologie 

— Peter Paul RUBENS (1577-1640). Vulcain forgeant le foudre de Jupiter (1636-37) Musée du Prado.

Peter Paul RUBENS. Prométhée volant le feu (1636-37) Musée du Prado.

Dans la mythologie grecque, après la victoire de Zeus sur les Titans, Prométhée est venu sur le mont Olympe où il a dérobé le feu pour le donner aux hommes en même temps que tous les arts qu'Athéna lui avait appris. La version la plus connue de cette œuvre est celle de Jean Cossiers (1600-1671) également au Prado.

— Johé GORMAND (1905-1963). Prométhée dérobant le feu. Mâcon, Musée des Ursulines.

 

• Le feu illumine aussi le cœur aimant.

Il fait resurgir les souvenirs et accompagne la nostalgie.

— Joseph WRIGHT of DERBY (1734-1797). A Girl reading a letter by Candlelight with a Young Man peering over her shoulder (1762. Coll. part.)

— Georges de LA TOUR (1593-1652). Madeleine pénitente (1642-44) Musée du Louvre, Lens. Un tableau voisin est connu sous le nom de “La Madeleine à la flamme filante” au LACMA (Los Angeles).

— Vincent van GOGH (1853-1890) Paysan assis auprès du feu (1881) Musée Kröller-Müller.

— Suzanne LESEVE. Rêverie au coin du feu (2012).

— Michel OGIER . Le feu sous la cendre. Influencé par Leonor Fini, le peintre Michel Ogier a suggéré dans cette toile le feu intérieur, la passion commune.

 

• Le feu est aussi le symbole de la joie.

Il fait danser la jeunesse.

— Jules BRETON (1827-1906). Le feu de la Saint-Jean (1891). Peintre réaliste dans le sillage de Jean-François Millet, Jules Breton a été qualifié de “peintre paysan”. L'église à l'horizon est celle de Courrières, sa commune natale du Pas-de-Calais. Autre version au Philadelphia Museum of Art.

— Paul GAUGUIN (1848-1903). Upa-Upa – La Danse du feu (1891). Israel Museum, Jerusalem.

• Le feu purifie et régénère.

Il manifeste aussi l'illumination de la conscience, la Révélation sacrée.

— La descente de l'Esprit Saint à la Pentecôte, sur l'assemblée des apôtres. Monastère Stavronikita. Œuvre de Théophane le Crétois, 1546.

— Mikhail VROUBEL (1856-1910). Fresque de saint Cyril de Kiev (1884). Le peintre russe Врубель avait été chargé de remplacer les fresques murales datant du XIIe siècle.

• Le feu est aussi spectacle : c'est le feu d'artifice.

— Joseph WRIGHT . Spectacle de Feu d'artifice au château Saint-Ange, à Rome. (1779) Le spectacle était donné pour Pâques. Autre version à la Walker Art Gallery à Liverpool.

 

II. - LE FEU DESTRUCTEUR

 

• Le feu des passions.

Mais si le feu c'est la vie, il est aussi destructeur dans le même élan : la passion consume le cœur humain, les corps des condamnés au bûcher, les œuvres humaines.

— Pedro BERRUGUETE (1450-1503). Autodafé présidé par saint Dominique (1495). Musée du Prado.

— Virginie TRABAUD. Jeanne d'Arc sur le bûcher (2007).

— Hubert ROBERT (1733-1808). L'incendie de Rome (vers 1785). MuMa, Le Havre.

— William TURNER (1775-1851). L'incendie de la Chambre des Lords (1835). Il en existe plusieurs versions. Voici celle du Cleveland Museum of Art.

— Jean DUPLESSIS-BERTAUX (1747-1819). La Prise des Tuileries (1793). Château de Versailles.

— Amigo ASPERTINI (Bologne 1474-1552). Ville en flammes avec figures dans le paysage (c. 1530). Huile sur papier marouflé sur toile. Collection Alana, Newark, Etats-Unis.

 

— Atelier de Jan MANDIJN (ou Mandyn, vers 1500-1560). An Allegory of the Horrors of War. Vente Christie's, 1998.

— Pieter BRUEGHEL l'Ancien. Dulle Griet (1562, Musée Mayer van der Bergh, Anvers). Au milieu du chaos, des ruines, et de l'incendie, erre Margot la folle.

— Francisco GOYA (1746-1828). Fuoco en la noche (1793). Le feu crée une panique au cœur de la nuit.

 

Le feu maléfique est aussi celui des sorcières.

— Paul-Elie RANSON (1861-1909). Les sorcières autour du feu (1891)

— Hans BALDUNG GRIEN (1484-1545). Deux sorcières (1523). Ici, avec le feu en arrière-plan, c'est toute la puissance des sorcières qui est suggérée ; la sorcière assise tient dans sa main une fiole d'un puissant poison... Maîtrise du feu et des matières qui les rapproche des alchimistes.

— Giovanni STRADANO (1523-1605). Né à Bruges, Jan van der Straet partit un jour pour l'Italie. Il est resté célèbre pour son Laboratoire d'Alchimie (1570. Palazzo Vecchio, Firenze).

 

• Le feu entraîne à sa perte son voleur Prométhée et transforme Vulcain (Héphaïstos) en forgeron de guerre.

— Diego VELASQUEZ (1599-1660). La Forge de Vulcain (1630. Musée du Prado).

— Giorgio VASARI (1511-1574) La Forge de Vulcain (1567-68). Palazzo Vecchio, Firenze.

— Dirk van BABUREN (vers 1595-1624). Vulcain enchaînant Prométhée (1623. Rijksmuseum, Amsterdam). Coupable d'avoir dérobé le feu et de l'avoir donné aux mortels, Prométhée est entravé par Vulcain : du feu de sa forge a jailli la chaîne. Maître contre voleur, que Zeus fera attacher à un rocher du mont Caucase où un aigle chaque jour viendra lui dévorer le foie pour l'éternité... avant qu'Héraklès ne le délivre.

 

• Surtout le feu embrase à jamais les damnés en Enfer.

 

— Herrad von LANDSBERG (1130-1195). Hortus Deliciarum (vers 1180). L'original du manuscrit a été détruit en 1870 lors du siège Strasbourg.

Les Très riches Heures du duc de Berry comportent des miniatures exceptionnelles. Voici l'Enfer (1416).

— Jean LE TAVERNIER. Enlumineur, après 1455, du “Traité des quatre dernières choses” de Gérard de Vliederhoven. Miniature sur parchemin. Bibliothèque royale de Belgique. Réalisé pour Philippe le Bon.

L'enfer médiéval est un lieu de supplices où grouillent des reptiles répugnants et des monstres maléfiques. C'est le lieu de toutes les tortures, détaillées ici en plusieurs plans dans la miniature. Les 4 dernières extrémités sont la mort, le jugement dernier, le paradis et l'enfer...

— Hans MEMLING (vers 1435- 1494) Triptyque du Jugement (détail) partie droite : Enfer (1467-71) Musée National de Gdansk, Pologne.

— Peter Paul RUBENS (1577-1640) La Chute des Damnés. Pinakothek, Munich. De Memling à Rubens, les corps des damnés sont devenus plus anonymes, plus stylisés.

— François de NOMÉ. Les Enfers (1622). Musée des Beaux-Arts, Besançon.

— Nancy S. MUELLER. Damnation of the Evil (1982).

• Si rien ne résiste au feu, il n'en demeure pas moins source de vie et de création pour l'artiste

— Une œuvre du photographe néerlandais Teun HOCKS : Man at fire (1990). 

— Yves KLEIN (1928-1962). Peinture de feu. F18. (1961)

Pour Yves Klein : « Le feu est douceur et torture. Il est cuisine et apocalypse... Le feu est beau en soi, n’importe comment. » Klein travaille au chalumeau des toiles préalablement marquées par le contact des modèles.

 

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Tag(s) : #ARTS PLASTIQUES
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