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Cambridge, petite ville du Maryland, sur l'estuaire de la Choptank : un coin idéal pour faire du bateau et c'est là que Todd Andrews exerce son métier d'avocat, à l'écart de l'agitation et du bruit de Baltimore. Tout le long de la baie de Chesapeake, le capitaine Adam va de port en port avec son "Opéra flottant", une barge de spectacles qui offre des attractions variées à tous les publics. Un jour, l'Opéra flottant fait escale à Cambridge. On est le 21 juin 1937 et la canicule fait rage dans toute la région.

 

Après cinq années d'amours peu clandestines, et la naissance d'une fille, le lawyer Todd Andrews, quarante ans, vient de rompre avec sa maîtresse Jane Mack, à sa demande à elle il faut le préciser. À cette époque, il planche depuis des mois sur une incroyable histoire judiciaire de testaments multiples qui peut faire du ménage Mack un couple fortuné : il y a trois millions de dollars à la clé. Ami de longue date de l'avocat, Harrison Mack, ex-journaliste marxiste, est en effet l'héritier présumé d'une grosse affaire de conserves de cornichons, tandis que l'homme le plus riche du comté de Dorchester, le colonel Morton, n'est autre que le roi de la tomate en boîte ! Depuis le suicide de son père ruiné par le krach de 1929, l'avocat Andrews vit à l'hôtel Dorset car la maison familiale a été vendue ; ses nouveaux propriétaires depuis lors ne sont autres que Jane et Harrison Mack.

La rupture de Todd avec Jane est-elle la raison qui le pousse à planifier son suicide pour ce soir du 21 juin 1937 ? Ou bien sa décision vient-elle de son impuissance croissante ? Sans compter cette maladie de cœur qu'un médecin lui a découvert en Europe à la fin de la guerre dans les tranchées de l'Argonne. Tout s'enchaîne dans ce roman présenté comme un récit autobiographique prétendument maladroit où le narrateur se perd dans une enquête sur les causes du suicide de son père comme dans les dédales de la remémoration maniaque de cette journée de juin 1937, tout en s'adressant volontiers au lecteur.

« Ai-je décrit Harrison ? N'étant pas écrivain de métier, je néglige parfois ces détails […] Je ne peux, bien entendu m'attarder sur lui, car cette histoire n'est pas la sienne. Permettez-moi de répéter, si je l'ai déjà dit, qu'Harrison n'était nullement un imbécile ou un écervelé.»

Il s'ensuit de nombreux retours en arrière et des récits secondaires qui permettent à Todd Andrews de présenter le club des explorateurs de Dorchester — en fait les retraités portés sur le bourbon qui vivent à son hôtel — ou d'évoquer ses années de fac et leurs excès, ou encore Betty June, son amour de jeunesse, qu'il retrouva dans une maison close et bien décidée à le tuer, etc.

Premier roman publié de John Barth, cette œuvre se recommande par la légèreté de ton qui entoure de nombreuses séquences parmi les vingt-neuf chapitres d'un roman où les péripéties judiciaires ne sont pas les moins savoureuses.

 

• John BARTH. L'Opéra flottant.  Traduit par H.Robillot. Gallimard, 1968, 289 pages. Réédité coll. L'Etrangère, 1997.

 

Tag(s) : #LITTERATURE ETATS-UNIS
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