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  Quand on cherche un roman bref, Erri De Luca est une solution. Je n'avais encore rien lu de cet auteur né à Naples en 1950 et connu pour attirer des lectrices enthousiastes.

  Un peu comme Paolo Coelho, peut-être... Le titre étrange s'explique par la formule qu'utilise un aubergiste rencontré aux Malouines par le héros : « Une vie d'homme dure autant que celle de trois chevaux et tu as déjà enterré le premier.»

  Ce héros, le narrateur, a quitté l'Italie pour l'Argentine à la suite d'une certaine Dvora rencontrée sur une via ferrata. Là-bas, le couple a été brisé par la répression militaire. La fille a trouvé une mort horrible. L'Italien a réussi à s'échapper — via les Malouines donc, où il s'est embarqué sur un chalutier irlandais — et à revenir au pays où il vit d'un emploi de jardinier dans une villa. À plusieurs reprises il offre du mimosas à un travailleur immigré qui se sent bientôt redevable envers lui. Au point d'être meurtrier à la place du narrateur tombé amoureux de Làila bien qu'elle prétende « aller avec les hommes pour de l'argent.» Le lecteur se perd en conjectures : cet homme qui meurt égorgé était-il le protecteur de Làila ? un simple jaloux ? un homme de main venu de l'hémisphère Sud ? Laissons tomber.

  L'écriture qui se voudrait poétique multiplie dans ce but des phrases courtes et faussement simples, comme des versets, et dont bien trop commencent par "Je". La recherche d'un effet poétique pousse l'auteur à nous proposer des formules qui parfois en effet font mouche. « La poussière est une voile, elle émigre, elle franchit la mer. Le scirocco l'apporte d'Afrique, elle vole des épices aux marchés et en assaisonne la pluie.» Mais d'autres formules, souvent, laissent dubitatif. Le narrateur, par exemple, a l'habitude de déjeuner en lisant un livre d'occasion parce que les pages restent plus facilement ouvertes que celles d'un livre neuf, d'où il conclut que : « Les livres neufs sont impertinents ». Voilà qui est passionnant ! Ou encore : « La ligne de son nez fait un angle droit avec le plan de la table…» Même Robbe-Grillet n'y avait pas pensé, c'est dire... 

• Erri De Luca : Trois chevaux. Traduit par Danièle Valin. Gallimard, 2001, 118 pages.

Tag(s) : #LITTERATURE ITALIENNE
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