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Si proche de l'Homme ! Mais pour l'Homme il n'est pas flatteur d'être traité de « porc » ou de  «  cochon ». Michel Pastoureau, spécialiste de l'histoire des symboles ("Bleu" par ex.) et des animaux ("L'Ours") nous livre ici un condensé de ses recherches sur le porc, le cochon, le verrat, la truie, le pourceau, etc…

En parcourant l'histoire du porc — avec un détour chez le sanglier — nous rencontrons des tabous alimentaires dès l'Antiquité. Les Hébreux ont jeté un interdit biblique sur le cochon, que l'islam a repris par la suite. Sans doute pour mieux marquer la différence entre le porc et l'homme, une différence si faible que le latin s'offrait un jeu de mots entre « corpus » et « porcus ». La culture chrétienne a été un peu plus indulgente avec le cochon quand il est devenu le compagnon de saint Antoine. Mais qu'on ne s'y trompe pas, l'histoire des dix derniers siècles fourmille de reproches à l'égard du cochon voire de condamnations par la justice. Michel Pastoureau évoque ainsi la responsabilité d'un cochon dans la mort du prince héritier Philippe, fils de Louis VI, en 1131, et des procès comme celui de la truie infanticide de Falaise (1386).

L'économie du cochon n'est pas absente. Après un long déclin de l'élevage et de la consommation du porc depuis le XIII° siècle jusqu'au XVIII° siècle, on voit le cochon "reprendre du poil de la bête" avec l'arrivée de la pomme de terre, en attendant maïs et soja. La charcuterie s'émancipa de la boucherie tandis que le cochon devint tout rose comme le "large white" bien connu des concours agricoles, même si certains dans la famille conservent des couleurs comme le corse ou le basque.

L'ouvrage est formidablement illustré (comme toujours dans cette collection). On retiendra par exemple : "Novembre" dans les "Très riches heures du duc de Berry", des portraits de cochons peints en Angleterre au début du XIX° siècle, la photographie due à Yann Arthus-Bertrand d'un porc avec le couple de ses éleveurs, et divers autres clichés pris au Salon de l'Agriculture... Sans oublier une "Tentation de saint Antoine" du peintre Vallin (1760-1831), ou l'étonnant "Pornokratès" de Félicien Rops (1878) puisque le cochon a été  un symbole de la luxure, au moins autant qu'il l'est aujourd'hui de la gourmandise des amateurs de cochonnailles.

 

• Michel PASTOUREAU : Le Cochon. Histoire d'un cousin mal aimé.

Gallimard, coll. Découvertes, 2009, 160 pages.

 

 

Tag(s) : #HISTOIRE GENERALE
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